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Aux prisonniers


""Si l'on vient pour me voir, je vais aux prisonniers,
Des aumônes que j'ai, partager les deniers."
Le Tartuffe, III, 2 (v. 854-855)

Ce trait stéréotypé du comportement dévot est présenté comme une attitude hypocrite

La visite aux prisonniers était une des pratiques de charité de saint Vincent de Paul, dont la Vie, rédigée par Louis Abelly, avait paru en 1664 (4)

Un chapitre entier y était consacré dans Le Chrétien charitable (1637) d'Aimable Bonnefons (chapitre III, "De la visite des prisonniers et des galériens", éd. de 1670)


(1)

Pedía limosna para los pobres de las cárceles, a quien llevaba de comer todos los días sobre sus hombros, cargándose unos esportones llenos de todo bastimento.
(éd. R. Navarro Durán, 2007, p. 529)

(2)

Tous les jours de ses yeux le temple est visité,
Et les gueux mendiants qui sont devant la porte
Accusent cette dame être de leur main morte,
D'autant qu'elle leur doit à chacun un denier,
Soit d'aumône, soit de droit, fussent-ils un millier,
Et le contant à Dieu pour un, dans son idée,
Elle regarde alors si elle est regardée,
Et lui semble vraiment que si, faisant du bien,
Un chacun ne le sait, cela ne sert de rien.
("Satire XV", in F. Fleuret, L. Perceau, , Paris, Garnier, 1923, t. I, p. 103)

(3)

Les choses ayant été concertées de cette sorte, ils pensèrent à se former eux-mêmes, afin de se rendre plus propres pour exécuter leurs desseins. Ils tombèrent d'accord qu'ayant à converser avec le monde, ils se tiendraient bien proprement couverts ; qu'ils auraient soin qu'on pût voir beaucoup de politesse dans leurs paroles et dans tout leur maintien extérieur; qu'ils règleraient bien leurs moeurs, au moins quant à l'extérieur, et qu'ils pratiqueraient quelques mortifications pour plaire à ceux qu'ils croiraient pouvoir gagner et pour être un préjugé de la bonté de leurs doctrines ; qu'ils porteraient le peuple à quelques pratiques extérieures de piété, comme d'aller visiter les malades, les prisonniers.
(p. 15)

(4)

La miséricorde dont M. Vincent était touché envers les pauvres forçats des galères, tirant son origine de la connaissance qu'il avait de leur misère par sa propre expérience, comme il a été dit, et la charité qui animait son coeur ne lui permettant pas de les mettre en oubli parmi tous les autres importants emplois qui occupaient son esprit, il tournait souvent ses pensées vers cet hospice qu'il leur avait procuré proche l'église Saint-Roch, où il les visitait d'affection, ne le pouvant d'effet, pour n'en avoir le temps. [...] Il conviait des personnes de vertu et de condition de les aller visiter, pour leur faire quelque bien. [...] Il lui vient en pensée s'il ne serait pas expédient de proposer aux dames qui en étaient, de faire distribuer à ces pauvres galériens, qui se trouvaient logés dans la même paroisse, quelque partie des aumônes de la charité.
(éd. de 1854, p. 125)




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