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Aux crimes les plus grands


"Les choses même les plus saintes ne sont pas à couvert de la corruption des hommes; et nous voyons des scélérats qui tous les jours abusent de la piété et la font servir méchamment aux crimes les plus grands"
Le Tartuffe, préface

Dans son discours En quoi la piété des Français diffère de celle des Espagnols (1658), La Mothe le Vayer avait dénoncé les crimes que ces derniers ont commis au nom de la piété :

De vouloir faire passer pour oeuvres de piété des grandes expulsions, tantôt de Juifs, et tantôt de Morisques hors de l'Espagne, c'est se moquer de Dieu et du Monde, où personne n'a ignoré, qu'il n'y eût plus de crainte, d'avarice et d'inhumanité en tout cela, que de Religion, qui souffre les Juifs dans Rome, et en assez d'autres lieux très Catholiques.
Les Espagnols ne sont pas moins ridicules, s'ils pensent avoir beaucoup mérité du Ciel et de la Terre, par leurs voyages de long cours, et par la découverte des mondes nouveaux. La façon, dont ils ont annoncé notre Foi, est trop différente de celle des Apôtres, et quand ils ont fait perdre l'Etat et la vie à un grand monarque, pour avoir jeté par terre un bréviaire, qu'il ne connaissait point, on peut dire qu'ils n'avaient rien d'Evangélique. Les seules richesses des Indes Occidentales, comme les pierreries et les épiceries de l'Orient, leur ont fait exécuter ces grandes entreprises, et c'est commettre un péché, pour lequel on brûle les Sorciers, quand ils abusent du nom de Dieu, de le faire auteur des choses, qui n'ont point d'autre principe que la convoitise humaine.
(éd. des Oeuvres de 1756, IV, 2, p. 409-410)




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