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Aux choses du ménage


"[...] enfermée au logis en personne bien sage,
Elle s'applique toute aux choses du ménage"
L'Ecole des Maris, I, 2 (v. 119-120)

Des propos similaires avaient été formulés par Don Sancho, homologue de Sganarelle, dans la comédie espagnole El marido hace mujer y trato muda costumbre (1639) d'Hurtado de Mendoza :

Que antes en casa encerrada
Mi muger ha de quedar
[...]
Dona Juana todo el dia
A la labor
(éd. de 1881, p. 428, troisième colonne)

Les idées que Sganarelle, comme Arnolphe dans L'Ecole des femmes ("prier Dieu, m'aimer, coudre et filer", v. 102), professe sur le rôle de la femme, sont dénoncées

Elles sont défendues, en revanche,

Voir aussi "tricoter quelque bas par plaisir".


(1)

Le roman La Précieuse (1656-1658) de l'abbé de Pure attribue ces idées à :

quelques parents imbus de ces maximes importunes de nos pères, qui n'approuvent les femmes qu'au ménage, et ne goûtent la beauté qu'autant qu'elle est utile et qu'elle sert, et qui préfèrent les haillons d'une ménagère aux ornements et aux propretés d'une coquette.
(éd. Magne, Paris, Droz, 1938, t. I, p. 116)

--

(2)

L’esprit d’une femme ou d’une fille ne doit s’appliquer qu’à ce qui regarde le ménage, et l’économie de sa maison.
(L’Académie familière des filles,suite de La Muse Coquette, Troisième et quatrième parties, Paris, 1665, p. 6)

-- (3)

Les vertus propres à la femme
§ 3 : La garde de la maison
La même modestie qui imprime la pudeur sur le visage des femmes honnêtes leur met encore le cadenas sur les lèvres, et les fers aux pieds. Elle les oblige à parler peu, et à ne sortir que rarement de la maison. Phidias, qui fut le plus illustre statutaire de son temps, jeta en fonte une Vénus toute mystérieuse ; mais ce qui fait à mon propos, c'est qu'il lui planta le pied sur le corps d'une tortue. Plutarque, qui s'est rendu l'interprète des sentiments de ce noble ouvrier, dit qu'il n'eût point d'autre dessein dans cet ouvrage, que d'enseigner aux femmes qu'elles ne doivent point être coureuses. A peine trouverez-vous une bête plus muette que la tortue : mais bien assurément on n'en trouvera point qui soit plus amie de sa maison. Elle la porte toujours dessus son dos, et ne la quitterait point, quand il irait du banquet de Jupiter.
J'ai peine de m'arrêter à l'explication de Plutarque. [...]Pourquoi foulerait-elle aux pieds la tortue, si elle en voulait profiter : elle abhorre ce qui lui est contraire, elle aime les visites et les cajoleries. Ce n'est donc point merveille si elle veut écraser son ennemi, si elle le presse sous ses pieds.
(Jean Cordier, La Famille sainte (1662), p.237 et suiv.)

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(4)

Ne craignez point que la modestie de vos filles dans les habits, que leur retenue dans les compagnies, et que le peu d'habitude qu'elles auront avec les jeunes gens, les fasse moins estimer ou rechercher en mariage. Leur simplicité, leur douceur, leur amour pour les choses qui regardent le bon gouvernement d'une famille, et leur mépris pour les ornements du siècle les feront mieux connaître, que la coquetterie et la vanité.
(Alexandre-Louis Varet, De l'éducation chrétienne des enfants (1672), p. 299)

(5)

[I]l faut qu'elle s'éloigne de toutes ces petites attaches qui contribuent à la coquetterie ; qu'elle s'emploie à des choses solides, et à la conduite de sa maison, [...] qu'elle s'occupe à l'ouvrage, et autres choses qui donnent une idée éloignée du désordre dont on voudrait la soupçonner.
(Antoine Courtin, Traité de la jalousie, 1674, p. 93)

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(6)

Choisir les compagnies avec les soins que nous venons de marquer, ne converser qu’avec ceux qui bannissent de leur compagnie le vice, le libertinage et les vaines cajoleries, est pour l’ordinaire accompagné d’une sainte inclination à la retraite que les femmes vertueuses affectent avec une prudence Chrétienne, ce qui les rend dignes d’honneur et admirables dans la conduite de leur ménage.
Les plus sages nations se sont efforcées de persuader aux femmes une demeure constante au logis, et Dieu en l’Ecclesiastique dit Que les pieds d’une femme qui sont stables ressemblent à deux colonnes d’or qui sont posées sur des Vases d’argent. Il n’y a rien de plus beau et de plus précieux : il n’y a rien de plus stable et de plus ferme que ces colonnes, elles ne peuvent être ébranlées ni par les secousses des vents, ni par le bouleversement des tempêtes.
Telle est la femme vertueuse, elle ne se laisse fléchir aux vents des vanités, ni aux humeurs volages de celles qui sont sans cesse à la quête de frivoles divertissements, et n’ont de pire maison que la leur abandonnant le soin et la conduite de leur famille.
Les femmes sages et Chrétiennes n’ont rien de plus agréable que la conduite de leur maison : rien de plus cher que la conduite de leur ménage : c’est à quoi elles occupent leurs soins et donnent toutes leurs attentions, ce qui leur cause plus de satisfaction en l’esprit, et plus de repos en la conscience que les courses et les compagnies de vanité ne donnent de plaisir aux femmes qui aiment les folies du monde.
Ces colonnes sont belles à merveille, et extrêmement précieuses : ainsi n’y a-t-il rien de plus beau et de plus agréable aux yeux de Dieu, rien de plus précieux à un mari, de plus utile à des enfants, et de plus charmant à des domestiques, qu’une femme qui s’applique à la conduite de son ménage, elle vaut mieux que tous les trésors de la terre.
(Le Saint Mariage, ou Instructions chrétiennes, qui apprennent aux personnes mariées à vivre saintement et heureusement dans cet état, par un Religieux de l’Ordre de Saint François, Paris, Pierre de Bats, 1682, p. 167-170)

Femmes, aimez donc le soin de votre famille, aimez une honnête retraite […]. Si cette retraite vertueuse vous semble sauvage et trop rigoureuse à votre humeur, considérez combien de serviteurs de Dieu se sont volontairement obligés dans des demeures solitaires, combien de saintes filles surmontant la faiblesse de leur sexe se sont enfermées dans la solitude des monastères pour y servir Dieu toute leur vie, et jouir des douces consolations de l’esprit dans lesquelles elles vivent avec joie.
(Ibid., p. 170-171)




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