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Au premier faquin il court en faire autant


"Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous, un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin, il court en faire autant?"
Le Misanthrope, I, 1, v. 49-52

Dans le "petit traité" "De l'estime et du mépris" (Nouvelle suite des petits traités, 1659), La Mothe le Vayer adresse la même critique aux flatteurs :

Cela n'empêche pas pourtant qu'une âme généreuse ne se rebute d'entendre les lâches propos que tiennent perpétuellement les flatteurs. Ils n'enluminent aucune action qu'avec des hyperboles ridicules. Le dernier qu'ils louent est toujours le premier de toute la terre. Et par un aveuglement étrange on leur voit donner les mêmes titres d'honneur à Vatinius qu'ils ont déjà attribués à Caton.
(éd. de 1756, VI, 2, p. 151)

Des idées semblables avaient déjà été énoncées dans le Nouveau Recueil de lettres de dames de ce temps (1635) de Du Bosc :

Qu'y a-t-il de plus importun que ce qu'on appelle un compliment ? A quoi toutes ces offres d'un service qu'on ne veut pas rendre ? Que servent toutes ces paroles étudiées pour s'entre-abuser ? Et quelle apparence y a-t-il d'avoir les mêmes discours pour un impertinent que pour un honnête homme ?
(p. 116)

Cette attitude s'oppose à la sincérité prônée par Alceste ("je veux qu'on soit sincère"), qui s'emportait plus haut contre "ces grands faiseurs de protestations".




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