Content-Type: text/html; charset=UTF-8
Ardez
- " [...] Ardez le beau museau,
- Pour nous donner envie encore de sa peau !
- Moi, j'aurais de l'amour pour ta chienne de face ?
- Moi, je te chercherais ? Ma foi, l'on t'en fricasse
- Des filles comme nous ! "
- Dépit amoureux, IV, 4 (v. 1419-1420)
- " [...] Tout gros Monsieur qu'il est, il serait par ma fique nayé si je n'aviomme esté là. - Ardez un peu."
- Don Juan ou le Festin de pierre, II, 1
Les expressions "ardez" et "l'on fricasse" sont utilisées dans le langage comique des contemporains de Molière pour imiter le langage "populaire".
Ainsi dans :
- Le Pédant joué (1654) de Cyrano de Bergerac (1)
- Le Baron de la Crasse (1662) de Raymond Poisson (2).
L'effet sera imité par la suite dans
- La Noce de village (1666) de Brécourt (3)
- Le Comte de Rocquefeuilles (1669) de Nanteuil (4).
Il apparaissait déjà dans une chanson recueillie en 1640 dans La Comédie de chansons (5).
(1)
- MANON :
- Quel démêlé donc, mon pauvre Jean, avais-tu avec ce capitaine ?
- GAREAU :
- Ardé tenez, c'est tout fin dret comme ce grand Cocsigruë de Monsieu du Meny
- (Oeuvres diverses, 1654, II, 3).
--
(2)
- Ici, c'est pour lui, l'on lui fricasse
- Je lui ferai laide grimace
- (Poisson, Le Baron de la Crasse, scène 5)
--
(3)
- COLIN :
- […] Ventregué dans l’honneur
- Je suis pis qu’un démon, car rien ne me fait peur.
- Comme dit l’autre on za biau prenre une fumelle,
- Margué n’en prend tourjour queuque mâle aveuc elle.
- NICOLAS :
- Ardé le grand malhûr.
- COLIN
- Et bonhûr si tu veux,
- Je ne veux point porter les cornes si je peux.
- (Brécourt, La Noce de village, 1666, sc. I)
--
(4)
- Ardé donc qu’il a bonne mine
- Avec son gratin de cuisine.
- (Nanteuil, Le Comte de Rocquefeuille, 1669, sc. IV).
--
(5)
- Ardez, c'est la fille à Piarre
- Qui lui fait toujours la guarre.
- (La Comédie de chansons, 1640, p. 9)
Sommaire | Index | Accès rédacteurs