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Ah fâcheuses nouvelles
- " Ah fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux! Dures extrémités où je me vois réduit! Tu viens, Silvestre, d'apprendre au port, que mon père revient? - Oui. - Qu'il arrive ce matin même? - Ce matin même. - Et qu'il revient dans la résolution de me marier?
- Oui. - Avec une fille du seigneur Géronte? - Du seigneur Géronte. - Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela? - Oui. - Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle? - De votre oncle. - À qui mon père les a mandées par une lettre? - Par une lettre. - Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires. - Toutes nos affaires. - Ah parle, si tu veux, et ne te fais point de la sorte, arracher les mots de la bouche."
- Les Fourberies de Scapin, I, 1
L'échange entre Sylvestre et Octave est imité des premiers vers de La Soeur (1647) de Rotrou (voir également "vous redites tout comme je l'ai conté.") :
- LÉLIE.
- O Fatale nouvelle, et qui me désespère !
- Mon oncle te l’a dit ? et le tient de mon père !
- ERGASTE.
- Oui.
- LÉLIE.
- Que pour Eroxène, il destine ma foi !
- Qu’il doit absolument , m’imposer cette loi !
- Qu’il promet Aurélie, aux vœux de Polydore !
- ERGASTE.
- Je vous l’ai déjà dit, et vous le dis encore.
- LÉLIE.
- Et qu’exigeant de nous ce funeste devoir,
- Il nous veut obliger, d’épouser dès ce soir :
- ERGASTE.
- Dès ce soir ;
- LÉLIE.
- Et tu crois qu’il te parlait sans feinte ?
- ERGASTE.
- Sans feinte.
- LÉLIE.
- Ah ! si d’amour, tu ressentais l’atteinte,
- Tu plaindrais moins ces mots qui te coûtent si cher,
- Et qu’avec tant de peine il te faut arracher,
- Et cette avare Echo, qui répond par ta bouche,
- Serait plus indulgente, à l’ennui qui me touche ;
- ERGASTE.
- Comme on m’a tout appris je vous l’ai rapporté,
- Je n’ai rien oublié, je n’ai rien ajouté,
- Que désirez-vous de plus ?
- (p. 1-2)
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