Content-Type: text/html; charset=UTF-8

ô admirable médecin


"O grande vertu du remède ! O admirable médecin ! Que je vous suis obligé, Monsieur, de cette guérison merveilleuse !"
Le Médecin malgré lui, III, 6

La crédulité du peuple, enclin à croire aux "miracles", la malhonnêteté des charlatans abusant de "la faiblesse humaine" et l'inefficacité de leurs remèdes censés guérir "tous les maux" étaient dénoncées

Le thème est décliné sur le mode comique dans l'une des "Questions" publiées sous le nom de Tabarin (3).


(1)

Vous verrez quelquefois un effronté et écervelé charlatan, lequel, pourvu qu'il sache bien cajoler et démesurément apprécier et vanter ses drogues, viendra effrontément accuser d'erreur, devant une sotte populace, un brave, docte et galant homme très-expert en son art, et ne voudra permettre le susdit charlatan d'être repris et censuré d'aucun, encore qu'il faille et erre grandement en l'art dont il se mêle avec beaucoup de présomption et d'effronterie. Tellement qu'à ce compte, les actions louables et vitupérables sont mesurées par l'ignorant populaire à même aulne et pesées à même balance, sans aucune distinction, de sorte que la vertu cède le plus souvent au vice, la doctrine à l'ignorance, l'expérience à l'incapacité.
(Les tromperies des charlatans, découvertes par le sieur de Courval, Paris, N. Rousset, 1619, publié comme document dans Oeuvres de Tabarin, éd. de 1858, p. 208)

(2)

Que dirai-je à cela, Monsieur , si ce n'est qu'il est vrai aujourd'hui, de même qu'il a été vrai autrefois, que notre pauvre humanité pourrait être définie par l'inclination au mensonge et par la crédulité, Homo est animal credulum et mendax, l'homme est un animal crédule et menteur. Ceux qui ajoutent foi si aisément aux histoires que l'on raconte de ces ces faiseurs de miracles, tel que Borri a été tenu avant que le monde en fût détrompé, n'ont pas manqué sans doute d'écouter attentivement en leur enfance les contes de peau d'âne.
(p. 155-156)

[...]
Il arrive, après que l'on a longtemps résisté aux fausses persuasions sur cette matière, et que l'on s'est moqué des médecins ordinaires, que l'on donne tout à coup une entière croyance aux promesses d'un charlatan, et qu'on se laisse piper à sa nouvelle méthode, quoi qu'il ne débite que les mêmes denrées.
(Ibid., p. 158)

(3)

Question IX
Qui sont ceux qui se moquent des médecins et apothicaires

Tab[arin]. : Qui sont ceux à votre avis qui se moquent des médecins et des apothicaires ?

L[e] M[aître] : Ce sont les mal avisés qui ne croyant avoir affaire d’eux, se gabent de leurs receptes, gens de néant, qui ignorent que la médecine est un art tout à fait céleste et divin, qui restitue et réintègre la nature en sa perfection et en son entier apogée : la médecine est la science des sciences naturelles, et mal appris sont ceux qui la méprisent.
Altissimus de coelo creavit Medecinam, et vir prudens non abhorrebit eam.

(Recueil général des oeuvres et fantasies de Tabarin, Rouen, L. Du Mesnil, 1664, p. 28)




Sommaire | Index | Accès rédacteurs