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à sa femme et à ses enfants


"Votre Monsieur Purgon, par exemple, n'y sait point de finesse [...] c'est de la meilleure foi du monde, qu'il vous expédiera, et il ne fera, en vous tuant, que ce qu'il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu'en un besoin il ferait à lui-même."
Le Malade imaginaire, III, 3

La même remarque ironique est formulée dans une lettre de Guy Patin, à propos des partisans de l'émétique :

Guénaut, qui est le chef, en donne peu, s'il n'est bien payé : totam isto veneno dementavit et funestavit familiam suam : son neveu, sa femme, sa fille, son gendre Guérin, per hanc viam ad plures penetrarunt.
(Lettre de mars 1661, éd. J. H. Reveillé-Parise, 1846, t. III, p. 459)

Ces messieurs disent qu'un poison n'est point poison dans la main d'un bon médecin. Ils parent contre leur propre expérience; car la plupart d'entre eux ont tué leur femme, leurs enfants et leurs amis.
(Lettre du 30 juillet 1666, ibid., p. 609)

C'était un grand Hollandais qui avait les yeux enfoncés et le nez aigu ; qui faute de pratique, après avoir tué ici sa femme et ses deux enfants avec l'antimoine, s'en est retourné en Angleterre.

Une plaisanterie traditionnelle veut que le médecin n'administre pas ses remèdes à sa famille. Ainsi, dans L'Elite des contes (1641) de d'Ouville :

D'un médecin à son fils
Un médecin, ayant un fils unique malade, qu'il aimait grandement, le visitait à toute heure, et ne lui ordonnait jamais que des bouillons et de ternir bon régime de vivre, sans user d'aucun médicament, dont ce fils, s'étonnant, lui dit un jour : "Mais, mon père, vous ne m'ordonnez aucune médecine comme vous faites aux autres malades. - Je crois bien, dit-il, mon fils ; notre marchandise est bonne pour la vendre et en tirer de l'argent, mais elle ne vaut rien pour en user. Ne voyez-vous pas qu'un confiturier a la presse pour le débit de ses confitures, qu'il les vend et que lui n'en use jamais ? Nous en sommes tous de même ; si elle vous pouvait servir, je ne vous l'épargnerais pas.
(L'Elite des contes, seconde partie, Paris, Vve Trabouillet, 1641, p. 65)




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